Les Incantations Sumériennes : Portes Vers l'Au-Delà
- Bérengère Musard

- 29 oct.
- 4 min de lecture

Aujourd'hui, plongeons dans l'univers fascinant des Sumériens, l'une des plus anciennes civilisations connues, qui a fleuri en Mésopotamie il y a plus de 5 000 ans. Les Sumériens, inventeurs de l'écriture cunéiforme et bâtisseurs de ziggourats impressionnantes, avaient une vision complexe de la mort et de l'au-delà. Pour eux, la vie après la mort n'était pas un paradis idyllique, mais un royaume sombre et poussiéreux appelé le Kur ou "pays sans retour".
Attention : ces pratiques sont historiques et ne doivent pas être reproduites aujourd'hui – elles font partie d'un contexte culturel lointain !
Les Croyances Sumériennes sur l'Au-Delà
Les Sumériens imaginaient l'au-delà comme un monde parallèle au nôtre, mais bien plus sombre. Dirigé par la déesse Ereshkigal, reine des enfers, et peuplé de juges divins comme les Anunnaki, le Kur était un lieu de poussière, d'obscurité et de privations. Les morts y menaient une existence fade, nourris de boue et d'eau saumâtre, sauf si leurs descendants leur offraient des libations et des prières pour améliorer leur sort. Les textes mythiques comme La Descente d'Inanna aux Enfers ou Gilgamesh, Enkidu et le Monde Souterrain décrivent cet endroit comme une "terre sans retour", où même les dieux peinent à s'échapper.
Les esprits des morts, appelés gidim ou etemmu, pouvaient parfois revenir hanter les vivants, surtout s'ils n'avaient pas reçu une sépulture décente ou si leur mort était tragique (comme en couches ou au combat). Pour apaiser ces fantômes ou communiquer avec eux, les Sumériens recouraient à des incantations magiques, souvent prononcées par des prêtres-exorcistes. Ces rituels faisaient partie d'une tradition plus large de magie mésopotamienne, où la parole avait un pouvoir divin.
Les Rituels Funéraires : Maintenir le Lien avec les Défunts
Avant d'aborder les incantations spécifiques, parlons des rituels funéraires qui formaient la base de la communication avec l'au-delà. Les Sumériens enterraient leurs morts avec des offrandes – nourriture, bijoux, armes – pour les accompagner dans l'après-vie. Des statues étaient placées dans les temples pour représenter les défunts, comme celles du roi Gudea ou de la reine Kuba-tum, qui continuaient à "parler" aux dieux même après la mort.
Les offrandes régulières, appelées kispu, étaient essentielles : on versait de la bière, du pain et de la viande aux ancêtres pour les nourrir et les apaiser. Des chapelles funéraires, comme le ki-a-nag du roi Ur-Namma à Nippur, servaient de lieux de libation mensuels. Ces pratiques soulignent l'importance des descendants : avoir de nombreux fils améliorait le sort dans l'au-delà, car ils pouvaient prier et offrir pour le défunt. Des élégies et lamentations, comme La Première Élégie du Musée Pouchkine, invoquaient la compassion des dieux infernaux pour soulager les morts.
Les Incantations pour Communiquer avec les Fantômes
Les incantations sumériennes, souvent écrites en cunéiforme sur des tablettes d'argile, étaient des formules magiques récitées pour invoquer, voir ou repousser les esprits. Elles faisaient appel à des dieux comme Asalluhi (ou Marduk dans les versions babyloniennes), maître des incantations et purificateur contre les forces invisibles. Un exemple fascinant provient d'une tablette néo-babylonienne du VIIe siècle av. J.-C., qui décrit un rituel pour "voir un fantôme".
Il est basé sur des traductions historiques – ne l'essayez pas chez vous ! :
Ingrédients : Bois moisi, feuilles fraîches de peuplier de l'Euphrate, eau, huile, bière, vin, suif de serpent, de lion, de crabe, miel blanc, grenouille des galets, poils de chien, chat et renard, poil de caméléon et de lézard rouge, griffe et intestins de grenouille, aile gauche d'une sauterelle, et moelle d'os de goose. Tout est broyé, séché, tamisé et mélangé avec du vin, de l'eau, du lait et de la plante amhara.
Procédure : Réciter l'incantation trois fois, oindre les yeux avec le mélange. Cela permettrait de voir et de parler au fantôme.
Un autre rituel vise à conjurer le mal d'un cri de fantôme : Broyer un tesson de poterie d'une ruine, le dissoudre dans l'eau et l'asperger autour de la maison. Pendant trois jours, offrir de la bière aromatisée à l'orge grillé aux fantômes familiaux, brûler du genévrier devant le dieu Shamash, et prier pour que le juge des cieux et des enfers repousse les esprits malveillants. À la fin, laver les mains et oindre avec de l'huile U.SIKIL, en déclarant "C'est fini".
Ces incantations appartiennent au genre namburbi, destiné à repousser les mauvais présages, mais certaines, comme celle-ci, permettent aussi d'invoquer les morts. Des démons comme Namtar, messager de la mort, étaient parfois invoqués pour lier les esprits maléfiques et les renvoyer aux enfers.
L'Héritage des Incantations Sumériennes
Les incantations sumériennes ont influencé les cultures babylonienne et assyrienne, et même au-delà. Aujourd'hui, elles fascinent les historiens et les amateurs d'ésotérisme, comme l'expert Irving Finkel, qui a traduit des tablettes sur la nécromancie mésopotamienne. Elles nous rappellent que, pour les Sumériens, la mort n'était pas une fin absolue, mais un voile que la magie pouvait percer.
Note : Cet article est basé sur des sources historiques et ne promeut aucune pratique occulte moderne.

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